
POURBUS
Portrait d’une dame parée d’une croix de pierres précieuses
Pieter POURBUS
(Gouda 1523 – Bruges 1584)
Notre portrait appartient à la première maturité de Pieter Pourbus. Cette datation est confirmée par la robe du modèle, et plus particulièrement par la fraise très ajustée, à double rangée. On peut la rapprocher d’un exemplaire similaire, celle du Portrait de Livine van der Beke, faisant pendant avec celui de son mari, Pierre Dominicle (tous deux conservés dans une collection privée à Anvers, voir Paul Huvenne, Pierre Pourbus, Peintre brugeois, 1524-1584, 1984, Bruges, Memling Museum, n° 19.) et datés de 1558. La robe demeure de toute évidence un juge inconstant de datation, si l’on note le développement très relatif de la mode : prenons l’exemple de costume très similaire de la figure centrale de L’Allégorie de l’Amour de 1547, conservé à la Wallace Collection. Cependant, les portraits des époux Dominicle-Van der Beke partagent avec notre tableau plusieurs similarités stylistiques qui abondent dans le sens d’une datation contemporaine : l’emploi d’un ton neutre et uni en arrière-plan, la position générale du modèle, le doux modelé des tons chairs, l’exécution fluide de la dentelle, ainsi que le trait assuré du dessin lorsque celui-ci est visible sous la couche picturale.
Pourbus met ici en scène son modèle selon un genre déterminé par les commanditaires. Le portrait demeure en effet l’affirmation d’une identité personnelle, néanmoins subordonnée aux conventions sociales de la société, qui attache une importance particulière à l’élégance et au raffinement des apparences extérieures. Héritier de la tradition d’Ambrosius Benson, Pourbus utilise toujours le même schéma de composition : le modèle est présenté de face, de préférence jusqu’aux hanches, les mains rassemblées, et regarde dans le vague, ce qui lui confère une dignité et une distinction indéniables et entretient une certaine distance avec le spectateur, caractéristique de cette période. L’artiste accorde également une grande importance au détail descriptif, que ce soit dans le rendu des étoffes, des matières, le modelé des chairs, et jusqu’aux ongles ourlés de noir, en signe de deuil. Sa conception élégante s’épanouit dans ce genre du portrait, dont il demeure l’un des développeurs essentiels aux Pays-Bas.
Nous remercions le Dr. Paul Huvenne d’avoir confirmé l’attribution de ce portrait et d’en avoir suggéré la datation après examen de l’original.
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